Texte Paul Claudel
Interprétation Aymeri Suarez-Pazos
durée : 30 min par ode
Les Cinq Grandes Odes, de Paul Claudel, c’est d’abord une adresse intime aux Muses, dans l’ambition des grandes odes antiques quand, célébrant les vainqueurs de Jeux, elles faisaient farandole des dieux, des hommes et des choses terrestres. Elles prennent essor dans la contemplation d’un bas-relief de sarcophage. Mais tour à tour les événements de la vie – la rencontre de Rosalie Vetch d’abord, qui donnera figure à l’Ysé du Partage de Midi, la passion destructrice, la séparation, le mariage (de raison), la naissance d’une première fille – vont bouleverser le dialogue qui se voulait du poète et de Dieu au travers des figures féminines inspiratrices des arts. Les Muses prennent chair, s’infusent d’une réalité hautement personnelle, répondent et questionnent le poète. Figures de la femme, terrestre, céleste, aimée, figures de la grâce, elles sont les forces qui se jouent du poète parmi les grands éléments – l’eau, la terre, le feu, l’esprit ou souffle, et les lieux -intimes et du monde. Et le magnificat auquel le poète a recours pour célébrer la création et la reprendre, est au prix d’une passion humaine, d’une traversée des ténèbres, d’un retour claudiquant à la tâche, faisant du poème un parcours dantesque dont le poète voudrait s’affranchir pour atteindre directement la grâce.
“Ô mon âme! il ne faut concerter aucun plan! ô mon âme sauvage, il faut nous tenir libres et prêts” (Les Muses)
Aymeri Suarez-Pazos
Créées aux Nouvelles Rencontres de Brangues de juin 2021 – Château de Brangues
Recension
“Une autre belle surprise de ces Nouvelles Rencontres fut la prestation
Catherine Mayaux
d’Aymeri Suarez-Pazos qui récita sous le grand tilleul quatre des Cinq
Grandes Odes – une seule fut lue. Le registre élevé du texte et la scansion
irrégulière des versets appelaient la hauteur de ton qu’avait retenue
avec souplesse l’acteur et les accents dramatiques de sa voix : le plein
souffle de sa diction maintenait la tension intérieure (du texte comme
de l’écoutant) et faisait ressortir des échos et connexions qui échappent
le plus souvent à la lecture silencieuse. Souhaitons qu’Aymeri Suarez-Pazos revienne à Brangues dire la cinquième Ode et d’autres poèmes.”