Spectacle écrit et mis en scène par Aymeri Suarez-Pazos, avec Aymeri Suarez-Pazos, Jacques Tresse, Eric Chaussebourg, Jean-François Lapalus, Charlène Martin, Bérengère Suarez-Pazos et le musicien Emmanuel Gaydon. Quand on évoque les noms de Gargantua et de Rabelais et qu’on les associe avec celui de “banquet”, les visages s’éclairent : il va y avoir force rires et ripailles. C’est tout le programme conçu de mains de maître par Aymeri Suarez-Pazos, metteur en scène chauvinois et donc forcément disciple de Jean-Pierre Bodin, l’auteur d’un autre banquet intitulé “Le Banquet de la Sainte Cécile” et qui se passait justement à Chauvigny. Un banquet, c’est long, on s’en doute. Celui mitonné ici dure plus de quatre heures. Quatre heures qui passent à toute vitesse tant est dense le récit des aventures extraordinaires du bon géant fils de Grandgousier et de Gargamelle et tant Aymeri Suarez-Pazos, respectueux du texte et des péripéties, a su les adapter sans les déformer. Il y aura, on ne le cachera pas, quelques fines allusions à l’époque actuelle, mais sans qu’il soit besoin de crier à l’anachronisme. Ce que ne regretteront pas les spectateurs, c’est l’interactivité gastronomique de ce “Au Banquet de Gargantua“. Car, pendant qu’un chœur de deux chanteuses (Charlène Martin et Bérangère Suarez-Pazos) accompagnée d’un musicien (Emmanuel Gaydon) ponctueront la geste de Gargantua, interprété depardieusement par Eric Chaussebourg en compagnie de Jean-François Lapalus jouant avec onctuosité Grandgousier, et de Jacques Tresse, polyvalent dans moult rôles, ainsi que d’Aymeri Suarez-Pazos lui-même, les chanceux écouteurs de tant de prodiges auront l’estomac rempli de mets du cru. Des mets concoctés par le chef André Point avec des produits goutûs provenant des meilleurs artisans de Brioux. Ainsi, conformément aux recommandations du cher Frère Jean des Entommeurs, la nourriture de l’esprit se mêlera à la nourriture du corps. Et l’on aimera également les deux. Le pain et le vin, le jambon et la soupe aux légumes, les mogettes et les meringues feront fête dans les panses pendant que la pensée rabelaisienne nourrira abondamment des cerveaux bien faits et heureux. Cela fait longtemps qu’Aymeri Suarez-Pazos, grand amateur d’utopies et de contre-utopies, prépare cette recette magique. Elle a enfin pris forme et corps pour le plaisir de tous. Elle devrait circuler dans la région “Nouvelle Aquitaine” avant que sa réputation, cela ne fait pas de doute, ne la précède dans toute une France qui a besoin de s’amuser avec une proposition d’une telle qualité. Longue vie à ce “Banquet de Gargantua” ! Et point d’hésitation : si tout ce qui sera proféré et englouti contient du gras, c’est sans conteste du bon gras qui ne nuit ni à la tête ni au ventre ! |
Philippe Person |